Nous avons eu la chance de rencontrer Auguste dans son atelier. Une ambiance très agréable, style loft, remplie de couleurs. Auguste est un artiste Pop Art reconnu et son univers l’amène très logiquement au monde des NFTs.
Pouvez-vous nous décrire votre parcours et votre projet ?
Je ne suis pas issu du microcosme de l’Art, je suis issu du monde de l’éducation, j’étais professeur dans le secondaire et dans le supérieur. Je suis tombé dans l’Art il y a quelques années, c’était au départ une passion, puis cette passion est devenue gigantesque. Je me suis rapidement tourné vers le Pop Art qui me parlait bien.
C’est grâce à Internet que je me suis fait connaitre, particulièrement avec Instagram et Facebook. Beaucoup de gens m’ont contacté pour avoir des œuvres et tout ceci a créé un buzz qui a amené de grosses galeries à venir me voir. J’aime faire les choses franchement et je voulais justement travailler avec des grandes galeries internationales.
A partir de là, j’ai collaboré avec des galeries à l’étranger. Je suis allé aux États-Unis, à Tokyo et un peu partout dans le monde. C’est ainsi que tout a commencé. Des célébrités comme Leonardo Di Caprio sont devenues mes collectionneurs et tout s’est emballé. Ça a changé ma vie… j’espère en bien.
J’ai découvert le NFT depuis l’année dernière et je me suis dit que c’était un champ des possibles énorme, avec des nouveaux collectionneurs ou à y amener mes collectionneurs classiques.
Je remarque qu’il est difficile de rentrer dans les grandes galeries d’art. Chacun n’a pas la culture de s’y rendre. Je ne suis pas moi-même issu d’une famille qui avait des tableaux d’artistes accrochés aux murs ou qui allait naturellement à la rencontre de cette culture. Je suis issu d’un petit village de Dordogne, mon père était boulanger. D’ailleurs je trouve que c’est très difficile de pousser la porte d’une grande galerie d’art. C’est pour cela que nombreuses sont celles qui aujourd’hui laissent la porte ouverte pour que les gens puissent rentrer facilement, sans cette notion de pousser la porte.
Je me suis dit que les gens rentraient déjà dans mon univers artistique via internet et particulièrement par Instagram. Mes œuvres sont donc très adaptées à ce monde et c’est un nouveau challenge d’aller à la rencontre de ces collectionneurs. J’apprivoise ce monde digital, je me suis beaucoup documenté sur cette verticale. J’en suis maintenant à cadrer les choses juridiquement. Il faut que tout ceci soit carré. J’ai à présent deux projets NFT.
Un projet avec des collectionneurs à Hong Kong
Des collectionneurs d’art physique qui ont créé des sociétés dans le domaine des NFTs et des cryptomonnaies. Un monde que je ne connaissais pas du tout. Nous travaillons ensemble depuis l’été dernier sur un système qui associera le NFT à une œuvre physique.
La particularité est que le collectionneur, 6 mois après l’achat, décidera de garder le NFT ou l’œuvre physique. S’il garde l’œuvre physique alors le NFT sera brulé, il disparait de la blockchain.
Ou bien il garde le NFT ça sera l’œuvre physique qui sera détruite ! Je pense que ces collectionneurs 3.0 seront surement des personnes qui garderont le NFT.
J’en suis convaincu. Ils garderont le NFT dans 70% des cas au moins. Ces œuvres vouées à disparaitre donneront lieu à une exposition à la fois digitale dans le Metavers mais aussi physique à Hong Kong . D’autres artistes comme Damien Hirst ont fait des choses similaires et j’aime cette idée.
Projet avec des jeunes 3.0 d’Hawaï
Ce second projet est plus récent et très intense ! J’y travaille avec un ami de Bordeaux. Il ne vient pas du tout du microcosme de l’art, ni de celui du numérique. C’est un médecin. Nous travaillons avec de jeunes d’Hawaï qui sont de très bons graphistes.
Ce projet va comprendre beaucoup plus de NFT, des pré-ventes, beaucoup de communication. Un cadre plus classique de projet NFT, attaché à mon nom, comme ont pu le faire d’autres artistes comme Richard Orlinski avec Binance, Alec Monopoly avec Opensea.
Le projet est bien avancé et comprendra entre 5 000 et 10 000 NFTs. C’est très différent de l’autre projet et il n’y aura pas d’œuvre physique. Tout le monde pourra les acheter facilement. Nous travaillons pour que les œuvres soient présentes d’ici cet été.
Comment définiriez-vous simplement les NFT pour nos lecteurs ?
Pour répondre à mes élèves, j’arrivais toujours à expliquer les choses avec un exemple simple et je pense que je l’ai : imaginez que vous soyez possesseur d’une image à collectionner telle qu’une image Panini unique. Elle vous appartient, mais elle est exposée dans la vitrine d’un grand magasin. Elle est visible de tous, certains pourraient penser que c’est une image banale, mais elle a une valeur pour quelqu’un et surtout elle n’appartient qu’à lui.
Autre exemple : J’avais un autographe d’André Agassi dont j’étais fan quand j’étais ado. Des milliers d’autres fans en avaient aussi, mais celui-ci n’était que pour moi et je l’adorais.
Je trouve aussi intéressant cette idée de suivi d’une œuvre. Aujourd’hui si l’une de mes œuvres est revendue je ne le sais pas toujours. Avec un NFT je peux suivre l’évolution et percevoir une sorte de royaltie quand celui-ci passe de mains en mains.
Selon vous, quels seront les acteurs de référence des NFT dans les années à venir ?
C’est comme pour l’art physique. S’il n’y a pas de galeries reconnues, il n’y a pas d’artistes reconnus.
Pour l’art digital, pour moi, les acteurs principaux sont les plateformes qui vendent les NFT. Opensea, Rarible, Binance maintenant. Les galeries traditionnelles et physiques devront se renouveler si elles veulent participer à cet Art 3.0. Ça me fait penser à de nombreuses marques ou supports qui n’ont pas su se renouveler avec l’arrivée d’Internet et des nouvelles technologies. Je pense à Kodak qui a laissé passer le train du numérique sans monter dedans ou encore les 36-15 du Minitel qui n’ont pas su voir les capacités énormes d’internet 1.0 ! Mais d’autres ont réussi comme Netflix qui était au départ une société de location de DVD. Les founders ont su s’adapter.
Ça me fait aussi penser à Steve Jobs quand il a débauché le DG de Pepsi pour Apple avec cette argument choc « Tu veux continuer à vendre de l’eau sucrée ou tu veux changer le monde avec moi ? ». Enorme
Concernant les artistes : avant, dans le domaine de l’Art, il n’y avait qu’une catégorie. Les artistes sortaient des beaux-arts, ils faisaient une catégories d’art, qui touchait un microcosme très fermé, dans des galeries peu connues du grand public, mais avec une grande influence et qui exposaient dans les musées.
Depuis les années 2000, d’autres galeries ont exposé une autre catégorie d’artistes moins institutionnels comme Orlinski ou comme moi. Tous ces artistes ne sortent absolument pas des beaux-arts, ils se sont faits tout seul ou en tout cas sans formation. Ils produisent beaucoup et vendent beaucoup.
Ces deux catégories d’artistes se côtoient très peu. Nous allons assister à la naissance d’une troisième catégorie.
Avec les NFT n’importe qui peut créer et se retrouver visible dans ce Web 3.0. De fait il y aura une troisième catégorie de collectionneurs, des collectionneurs qui n’achètent que des NFT. Rappelons d’ailleurs que 3.5% des français ont déjà acheté des NFT.